Le Chevalier de Saint-Magloire - sobriquet attendri d'un héros de la Drôle de Guerre - était tombé au Pont des Andelys le 9 juin 1940 en s'opposant, debout dans la fuite générale, au passage de la Seine par les Allemands. Avant de mourir, le Chevalier avait griffonné son testament moral : un hymne à la pérennité de la France et à la liberté. Le quatrième volume des Mémoires d'une Européenne s'arrêtait à ce pont, à cette mort, à ce message. Aujourd'hui, Louise Weiss reprend la plume et, profondément émue, assiste à La Résurrection du Chevalier dans l'âme de tous ceux des Français, humbles ou puissants, qui résistaient à la destruction de leur civilisation voulue par Adolf Hitler. Elle revoit le Chevalier lui-même, exhumé après deux ans des labours où de pauvres paysans l'avaient hâtivement enseveli. Les cerisiers de Normandie sont en fleur, et ils font cortège à la carriole du boulanger qui emmène son corps décomposé de combattant vers le cimetière de la commune. Cependant, Louise Weiss menait son propre combat... Elle se rend d'abord aux États-Unis pour y quêter des médicaments qu'elle rapporte, à travers le blocus, à la Croix-Rouge française, puis elle entre dans la clandestinité. Et elle raconte... La fin de la Troisième République à Bordeaux et à Vichy ; l'affolement des États-Unis, encore neutres, devant la défaite française et, parce qu'ils se méfient du Maréchal Pétain comme de Charles de Gaulle, leur vaine recherche d'un Troisième Homme ; les manoeuvres des minables de l'Ordre Nouveau en Auvergne ; le malheur de Paris. Les uns après les autres, ses amis sont déportés, fusillés. Elle se cache, mais ne cesse de sillonner le pays, rassemblant des renseignements qui parviennent à Londres. Alors, jalonnée de portraits saisissants et de jugements démystificateurs, une fresque monumentale surgit de ses souvenirs, celle d'une nation qui, en dépit de ses fautes et de son calvaire, veut vivre et y réussit. La déroute des armées allemandes, la marche triomphale du Général de Gaulle de l'Étoile à Notre-Dame et le retour des Déportés concluent ce cinquième tome. Le talent de l'auteur y est au plus haut.